Les images de centaines de militants religieux sionistes à Jérusalem-Est occupée, criant “Mort aux Arabes !” ne sont pas une surprise pour les Palestiniens. En réalité ce sont des événements courants, quotidiens, le résultat de décennies de politique et de lois racistes et d’incitation à la violence contre les Palestiniens.
Cependant, il y a un élément nouveau dans ces attaques : le rôle que joue le Premier ministre d’Israël. Les alliés de Netanyahou, particulièrement les députés qui soutiennent les Kahanistes, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, ont appelé leurs jeunes fanatiques à occuper les rues dans une manifestation de force, une foule qui harcèle et attaque les Palestiniens. Il y avait clairement coordination avec la police ; ils étaient appuyés par des personnalités politiques ; et de la part du gouvernement, pas une critique à ce stade.
Ces actes ne sont pas commis par un groupe marginal de jeunes Israéliens et ils ne sont pas circonscrits à Jérusalem. Ce même harcèlement violent se produit dans toute la Cisjordanie occupée et même dans ma ville natale, Jaffa.
Pour ces porteurs de haine, le problème n’est pas 1967 ou 1948, mais une hostilité dirigée contre tous les Palestiniens autochtones, y compris les citoyens palestiniens d’Israël. Nombre de ces extrémistes ont une expérience militaire, ils sont armés et surtout ils savent bien que les attaques contre les Palestiniens restent généralement impunies.
Imaginez, si c’était l’inverse : si ceux qui appellent à ces manifestations étaient Palestiniens, ils auraient été embarqués pour interrogatoire à l’avance et peut-être détenus de façon préventive. Ils auraient eu en face d’eux des forces de police considérables, des gaz lacrymogènes et des matraques.
Mais puisque ce sont des radicaux juifs, la police n’a même pas établi de checkpoint sur le chemin de la Vieille Ville, elle ne s’est pas opposée à ce qu’ils crient “Mort aux Arabes”.
C’est cette même force de police, supposée protéger la loi et l’ordre à Jérusalem, qui participe aux expulsions illégales des Palestiniens de Sheikh Jarrah et Silwan, qui protège les colons illégaux et qui attaque ceux qui manifestent pacifiquement contre cette injustice. Mon collègue et partenaire dans la Liste Unie, Ofer Cassif, a connu toute la force de “la loi et l’ordre” quand il a été frappé au visage par un policier parce qu’il manifestait pacifiquement contre les expulsions à Sheikh Jarrah.
Il lui a dit : "Je suis membre du Parlement mais la police n’en a rien à faire. Ils se moquent de mon immunité parlementaire, de mes droits civils, ils se préoccupent seulement de protéger les colons criminels qui envahissent cet endroit...c’est la force de police d’un gouvernement fasciste...le monde entier doit savoir ce qui se passe ici."
La politique israélienne, que ce soit dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, ou en Israël même, a un seul objectif : s’assurer de la suprématie juive.
Des actions illégales et arbitraires sont menée contre les Palestiniens tandis qu’actuellement, plus qu’auparavant, les colons et autres extrémistes jouissent d’une lune de miel politique avec une représentation raciste inédite à la Knesset.
Ils ne pensent pas que la communauté internationale va agir pour protéger les Palestiniens ou pour mettre devant leurs responsabilités ceux qui qui sont coupables de crimes de haine raciste anti-arabe. Ils semblent malheureusement avoir raison.
En 2018 mon parti, Tajamu/Balad, a proposé un projet de loi nommé "Loi Fondamentale : l’État de tous ses Citoyens". La présidence de la Knesset a refusé que ce projet soit soumis au vote parce qu’il n’était pas basé sur la prétention qu’Israël est un État juif. La Cour suprême aussi a refusé d’en discuter.
A la place, Israël a approuvé la Loi sur L’État-nation juif qui fournit une base institutionnelle pour un État juif basé sur une hiérarchie raciale et religieuse. En même temps, Israël contrôle tous les aspects de la vie des Palestiniens en Palestine occupée tout en agrandissant les colonies illégales.
Il est bien sûr essentiel de mettre fin à cette incitation haineuse à la violence et à ces attaques physiques contre les Palestiniens, et aussi d’établir la responsabilité de ces criminels. Mais ça n’est pas suffisant.
C’est seulement quand l’État d’Israël reconnaîtra qu’il doit être l’État de tous ses citoyens, qu’il s’engagera pour une paix juste et durable, quand il respectera ses obligations au regard du droit international de mettre fin à l’occupation et de respecter les droits des Palestiniens, c’est alors là seulement que la paix véritable sera possible.
En attendant, il y a un besoin urgent d’assurer la protection internationale du peuple palestinien. Les Palestiniens à l’intérieur d’Israël et dans le territoire occupé doivent être défendus, pas seulement contre la cruauté des forces armées israéliennes mais aussi contre la brutalité des citoyens “ordinaires” renforcés par leur nouvelle représentation au parlement et poussés par une vision raciste de la suprématie juive, par leur adhésion à l’apartheid et leur mission : transférer les Palestiniens de leurs maisons et leur terre par l’intimidation ou la force.
Traduction : AFPS
Photo : Activestills